20 ans déjà et toujours d’actualité…

Février 2001…

Dix-sept spécialistes du développement logiciels créaient le manifeste agile : https://agilemanifesto.org/iso/fr/manifesto.html. Au-delà des douze principes qu’aborde ce manifeste, il commence par mettre en avant quatre valeurs :

[…]

–         Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils

–         Des logiciels opérationnels plus qu’une documentation exhaustive

–         La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle

–         L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan

Nous reconnaissons la valeur des seconds éléments, mais privilégions les premiers.

On connait l’influence qu’a eu ce manifeste dans l’essor du développement logiciel puis, plus globalement, dans le développement de produits basés sur différentes méthodes et framework agiles.

Février 2021…

On n’a jamais autant parlé de VUCA pour qualifier notre environnement (Volatile, Incertain, Complexe, Ambiguë). Dans ce contexte, on voit à quel point ces quatre valeurs restent ô combien d’actualité. Toutefois, on constate que vingt ans plus tard, le « logiciel des organisations » ne s’en inspire que trop peu. Quand ce manifeste mentionne « Nous reconnaissons la valeur des seconds éléments, mais privilégions les premiers. », de trop nombreux « logiciels d’organisations », privilégient pourtant, dans leur quotidien, les seconds éléments (process, outils, négociations, planification) aux premiers (individus, interactions, collaboration, adaptation). Souvent d’ailleurs sans en avoir conscience.

Il existe pourtant des éléments de principes communs entre l’agilité appliquée au développement de produits et « l’agilité organisationnelle ».

L’autonomie :

En partant du principe que ce sont ceux qui font qui savent. Afin de « s’adapter aux changements plutôt que de suivre un plan », il est plus que jamais nécessaire de laisser à ceux qui savent, et donc à ceux qui font, les marges de manœuvre et d’autonomie afin de prendre les meilleures décisions pour s’adapter au quotidien. Un des douze principes du manifeste : « Les meilleures architectures, spécifications et conceptions émergent d’équipes autoorganisées »

La délégation :

L’autonomie ne se décrète pas. Et comme les entreprises évoluent dans un cadre de contraintes (ex. le budget pour n’en citer qu’une…), il convient d’expliciter le cadre d’autonomie (ou le terrain de délégation) quel qu’en soit la forme (mandat de délégation, …). Cela peut sembler toutefois paradoxal de parler de cadre quand on parle d’autonomie. Mais il n’y a rien de plus démotivant pour des équipes, que de se voir freiner dans leur élan par manque de clarté dès le départ sur la nature de l’autonomie.

Ensuite, une fois qu’on a décidé de déléguer, il faut l’assumer. Cela porte un nom, la confiance.

La confiance :

Sans confiance inconditionnelle, il est illusoire de se lancer dans cette démarche.  Et les situations de crises sont généralement un bon moyen pour tester la résistance de cette confiance, tant la tentation est forte de reprendre alors le contrôle. Un des douze principes du manifeste : « Réalisez les projets avec des personnes motivées. Fournissez-leur l’environnement et le soutien dont ils ont besoin et faites-leur confiance pour atteindre les objectifs fixés ».

Tout comme l’agilité prend en compte les retours clients pour adapter le produit en continu (la démarche « des petits pas » permettant de s’adapter), les entreprises gagneraient, vingt ans plus tard, à s’inspirer de ces valeurs pour créer les conditions permettant au « logiciel de l’organisation » de s’adapter en continu à son environnement, et ce, à tous les niveaux de l’organisation. Un des douze principes du manifeste : « À intervalles réguliers, l’équipe réfléchit aux moyens de devenir plus efficace, puis règle et modifie son comportement en conséquence ».

Gardons à l’esprit que ce sont nos actes et non nos paroles qui nous définissent. Ainsi, au-delà des convictions nécessaires pour changer le « logiciel organisationnel », l’incarnation de ces valeurs et des postures associées (écoute, confiance, bienveillance, exemplarité) est la première étape de la transformation.

Et pour celles et ceux qui souhaiteraient mettre une dose d’agilité dans leur « logiciel organisationnel », je vais conclure cet article avec deux principes issus… des douze principes du manifeste agile, et rappelant l’importance de la simplicité et du pragmatisme :

–         « La simplicité – c’est-à-dire l’art de minimiser la quantité de travail inutile – est essentielle. »

–         « Un logiciel opérationnel est la principale mesure d’avancement. »

20 ans déjà et toujours d’actualité…

Source : LinkedIn Stephane Pensivy – Directeur des Opérations France chez Orange Business Services