Ecotree veut inciter les Scandinaves à investir dans des arbres
Après la France, c’est sur les marchés du Nord de l’Europe que mise la société brestoise, qui par son modèle de sylviculture vertueuse soutient la régénération des forêts et la protection de la biodiversité.
« Réconcilier écologie et économique », c’est l’une des ambitions d’Ecotree, comme le rappelle Baudouin Vercken, l’un des co-fondateurs d’Ecotree en 2016, spécialisée dans la valorisation de la forêt et de sa biodiversité. La société achète des massifs forestiers proposant aux particuliers et aux entreprises de devenir propriétaires d’un ou de plusieurs arbres, tout en assurant leur gestion.
Par ce biais, c’est donc un investissement financier sur du long-terme que la société, enregistrée depuis 2018 auprès de l’Autorité des marchés financiers, propose à ses clients. Car ces derniers bénéficieront du produit de la vente du bois des arbres lorsqu’ils seront coupés à leur maturité, d’ici 35 à 125 ans selon leur essence.
Selon Ecotree, « la rentabilité espérée d’une augmentation dans le temps du volume de bois est d’en moyenne 2% par an. » Au-delà de l’aspect financier, la société cible donc plutôt des personnes et entreprises sensibles à l’environnement et au développement durable. Ecotree leur fournit une fiche technique indiquant, en plus du gain financier estimé, l’absorption de CO2 générée par l’arbre mais aussi sa localisation précise afin qu’il puisse s’y rendre.
EN B2C ET B2B
Aujourd’hui, Ecotree gère environ 1 500 hectares de massifs forestiers sur près de 40 domaines essentiellement en France, qu’elle entretient de manière écologique, sans pesticide ni produit chimique. Si 30 % de l’activité est générée auprès de particuliers (50 000 clients environ), la société s’est très rapidement tournée vers les entreprises avec des offres en B2B portée par l’essor des engagements RSE.
L’acquisition d’arbres vient ainsi compenser l’empreinte carbone ou constitue des cadeaux pour les clients ou salariés. « Ces deux segments communiquent. On voit un effet boule de neige entre les deux », analyse Baudouin Vercken. Aujourd’hui, Ecotree fait état de 1 000 entreprises partenaires comme Arkéa, SNCF, H&M ou encore Coca-Cola.
DEUX FORÊTS AU DANEMARK
Rentable, Ecotree avait réalisé un chiffre d’affaires de 4,5 M€ sur son exercice 2020. Près de 7 M€ sont attendus sur 2021, les fêtes de fin d’années générant un pic d’activité. Ce modèle développé en France, Ecotree entend à présent le pousser à l’international. La société a déjà ouvert un bureau à Copenhague depuis deux ans.
« C’est un hub qui nous permet d’adresser d’autres pays en Scandinavie, mais aussi la Suisse alémanique, le Royaume-Uni et les Pays-Bas », explique Baudouin Vercken, mentionnant s’être inspiré, avec ces associés de la dynamique « d’écologie non punitive » danoise pour fonder Ecotree. Mais jusqu’ici, la société ne proposait à ses clients étrangers que d’investir dans des forêts françaises, tout en poursuivant l’objectif d’y dupliquer son modèle de gestion de forestière.
« Cela nécessitait auparavant de s’adapter aux spécificités du droit danois. C’est chose faîte : nous venons d’acquérir, début octobre, deux petites forêts du côté de Copenhague. » Le 1er site s’étend sur une vingtaine d’hectares. Situé sur une île, le second sera boisé, à partir de cet hiver, de plus de 20 000 arbres.
D’AUTRES PROJETS LIÉS À LA BIODIVERSITÉ
Pour accompagner cette nouvelle phase de son développement, la société a structuré son équipe, passant de 60 avant l’été 2021 à 73 salariés. Les équipes sont réparties entre Brest, Paris et Copenhague où Ecotree emploie 15 salariés. En 2019, Ecotree avait réalisé une levée de fonds de 3 millions d’euros.
« Nous réfléchissons à une autre opération pour accompagner le développement de la société de manière générale mais aussi nos projets à l’étranger », précise Baudouin Vercken. Labélisée B-Corp depuis juin 2021, la société voit désormais, dans logique de préservation de la biodiversité, plus loin que les arbres, avec des premiers projets autour des ruches et des zones humides.
Source : « L’Usine Digitale » du 4 décembre 2021