Le plan de relance du gouvernement consacre 7 milliards d’euros au numérique et aux start-up

Le numérique et les start-up vont aussi bénéficier du plan de relance de l’économie de 100 milliards d’euros annoncé par le gouvernement. Ce sont près de 7 milliards d’euros qui leur sont directement alloués, sous la forme de participation aux levées de fonds, d’aide à la transformation numérique des entreprises et des services de l’Etat mais aussi au travers de la formation aux métiers du numérique. Grâce à ces aides, le gouvernement espère surtout ne pas passer à côté d’un champion français, notamment dans les technologies dites de rupture, et favoriser la création de nouveaux emplois.

Le gouvernement a détaillé jeudi 3 septembre 2020 son plan de relance de l’économie de 100 milliards d’euros. Baptisé « France Relance », il vise à ce que la France retrouve en 2022 son niveau d’activité d’avant la crise liée à la pandémie de Covid-19, et entérine une baisse du chômage. Ce plan consacre près de 7 milliards d’euros au numérique et aux start-up sur la période 2020-2022. « Après l’environnement, le numérique est sans doute l’un des piliers les plus importants du plan de relance », commente Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, auprès de L’Usine Digitale.

3,7 MILLIARDS POUR LES START-UP ET LA SOUVERAINETÉ TECHNOLOGIQUE


Dans le détail, le gouvernement débloque 3,7 milliards d’euros pour les start-up et la souveraineté technologique, dont 2,4 milliards d’euros sont dédiés aux technologies de rupture. Si, depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron a fait de l’intelligence artificielle une des technologies clés pour assurer la souveraineté de la France, elle n’est pas la seule à être considérée comme essentielle. « Les technologies de rupture font partie des technologies critiques qu’on estime devoir maîtriser pour des raisons de souveraineté », résume Cédric O.

Informatique quantique, cybersécurité, cloud et d’autres encore sont jugées comme vitales, et des plans par secteurs leur seront détaillés dans les semaines à venir. « S’agissant des technologies de rupture, il y a d’abord le sujet de la compétitivité, affirme Cédric O. Il est nécessaire d’investir pour qu’en termes de performance et rapport qualité prix, les start-up françaises soient au même niveau que les start-up à l’international ».

500 millions d’euros seront directement dédiés aux start-up et utilisés notamment pour soutenir les levées de fonds les plus importantes. Un appui qui doit permettre de faire émerger des leaders européens, voire mondiaux, et s’inscrit dans la continuité des annonces faites par Emmanuel Macron en septembre 2019, qui déclarait alors vouloir avoir 25 licornes françaises en 2025« Bpifrance va investir près de 400 millions d’euros en 2021, contre 250 millions aujourd’hui », poursuit Cédric O. La banque publique d’investissement va ainsi augmenter la taille globale de ses investissements pour aider à l’émergence des pépites françaises sur la scène internationale.

Enfin, le Plan d’Investissement d’Avenir (PIA) augmentera de 60% les aides dédiées à l’innovation que reçoit chaque année la French Tech, pour un total de 800 millions d’euros. La French Tech va ainsi pouvoir poursuivre et accélérer sa mission tendant à fédérer un écosystème reconnu à l’international.

2,3 MILLIARDS D’EUROS POUR LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE DE L’ETAT ET DES ENTREPRISES


2,3 milliards d’euros sont dédiés à la transformation numérique de l’Etat et des entreprises. La grande majorité de cette somme, soit 1,7 milliard d’euros, est allouée à la transformation numérique de l’État et des territoires. Le gouvernement évoque, dans un communiqué, le fait de « financer le déploiement d’une identité numérique de niveau élevé, la modernisation et la sécurisation des infrastructures numériques de l’État, et l’utilisation de technologies numériques de pointe par les administrations« .

Dans ce cadre, une préférence nationale pourrait-elle être mise en place afin de favoriser des sociétés (y compris des start-up) françaises ? Marianne Tordeux, directrice des affaires publiques chez France Digitale, appelle à favoriser les solutions françaises lorsqu’elles existent. Et rappelle à L’Usine Digitale l’exemple de Tixeo : cette start-up française labellisée par l’Anssi propose des solutions de visioconférences sécurisées qui ne sont pas forcément utilisées par les parlementaires français. Et ce alors même que ces solutions vidéo ont été fortement utilisées durant le confinement…

Par ailleurs, sur cette enveloppe de 2,3 milliards, 385 millions d’euros sont dédiés à l’accompagnement dans la transformation numérique des TPE, PME et ETI. Une transformation numérique qui se révèle être d’autant plus nécessaire que « les entreprises françaises sont en retard sur ce sujet », précise Cédric O. La pandémie de Covid-19, dans les secteurs du commerce de bouche et de proximité notamment, a pu mettre en lumière ce retard. Enfin, 200 millions d’euros sont spécifiquement consacrés aux filières automobile et aéronautique.

300 MILLIONS POUR LA FORMATION ET 800 MILLIONS POUR LE NUMÉRIQUE DU QUOTIDIEN


Assez logiquement, une part des 7 milliards d’euros consacrés au numérique est dédiée à la formation. Ce sont 300 millions d’euros qui vont être utilisés pour aider les personnes dont les métiers sont affectés par la crise et mettre en avant les métiers du numérique comme possible reconversion. Nombreuses sont les start-up qui parlent de pénurie de main d’œuvre alors même qu’elles sont « les premiers créateurs nets d’emploi en France », déclare Marianne Tordeux. « Beaucoup de start-up proposent des CDI », ajoute Benoist Grossmann, co-président de France Digitale. Le choix fait par le gouvernement de financier des formations dédiées au métier du numérique pourrait donc s’avérer assez porteur.

Pour finir, 800 millions d’euros sont dédiés au numérique du quotidien et doivent permettre de généraliser la couverture fibrée sur l’ensemble du territoire, par ce biais lutter contre la fracture numérique et l’illectronisme. Un chantier antérieur à la crise du Covid-19.

Source : « usine-digitale.fr » du 03/09/2020